Dans le murmure des feuilles qui dansent

Note : 5 sur 5.

Et puis un jour, vous comprenez que la vie est ici, dans l’instant, puisque rien ne dit qu’elle sera encore là demain, et après-demain, et les jours suivants. Alors vous la traversez un peu plus fort, un peu plus doux, un peu plus rire, un peu plus fou.
Dans le murmures des feuilles qui dansent, Agnès LEDIG chez Le Livre de Poche

Sublime! Tout simplement sublime. Une dentelle de poésie magnifiquement tissée. Des personnages abîmés ou fracassés par la vie, tellement humains et profondément touchants. Encore une fois, Agnès Ledig m’a transportée, si loin et si bien, que j’en ai le souffle coupé & les jambes sciées (sans mauvais jeu de mot par rapport à l’un des personnage) à l’heure de refermer ce livre. Je me croyais désensibilisée aux histoires tristes de maladie et d’hôpital, puisque c’est mon quotidien, mais ce roman a su me cueillir & me tirer des larmes, au point de faire une longue pause dans la lecture pour me remettre de mes émotions. Peut-être était-ce parce que c’était joyeusement-triste ou tristement-joyeux, je n’arrive toujours pas à décider du sens à employer.

La maladie est évoquée au travers d’une métaphore filée de la nature et de façon si poétique, qu’on en oublie presque que c’est d’elle qu’on parle, de la maladie, d’un enfant qui souffre, de la leucémie.
La nature est omniprésente tout au long du roman. Ces descriptions, si précises et imagées, nous téléportent et nous emmènent en promenade dans les forêts alsaciennes avec les personnages.

Je ne parlerai que brièvement des personnages, pour ne pas dévoiler l’intrigue aux futurs lecteurs:
– Simon, un enfant malade, gravement, mais débordant de joie et d’optimisme. Il a su gardé son innocence d’enfant. Il me rappelle cette ambiance si particulière, cette impression de temps suspendu qui règne dans ce genre de service, rempli de sourires malgré la maladie et la mort qui rôde.
– Thomas, un grand frère aimant et dévoué, fragile, rempli d’abnégation et prêt-à-tout pour son petit frère.
– Anaëlle, une jeune femme pleine de force et de courage, sensible et compréhensive, en pleine reprise de confiance en soi et en reconstruction.
– Jocelyne, cette vieille femme aigrie et détestable, mais que l’on n’arrive pas à détester lorsque l’on découvre son enfance chaotique et ce qui lui est arrivé.
– Hervé, ce procureur bien sous toute couture, malheureux dans sa vie familiale, professionnelle et personnelle, mais incapable de faire le choix de changer de vie.

Leurs histoires se mêlent et s’entremêlent pour donner ce superbe récit.

Si Agnès Ledig devait ce roman à son fils, comme elle l’explique dans ses remerciements, c’est de façon magistrale qu’elle lui rend hommage dans ce livre, en évoquant à la fois la maladie d’un enfant, les difficultés et les sentiments qu’elle provoque pour chacun, et l’étape de l’après et de la reconstruction, de façon lucide; tout ceci sans plonger dans le pathos, tout en douceur et en bienveillance.

Peut-être est-ce là le secret des enfants. Convoquer l’avenir dans l’instant présent, s’accrocher à la perspective de demain pour supporter aujourd’hui.

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